lundi 17 mars 2008

Le point sur la crise

On a eu droit aujourd'hui à une chute de 3.5% sur le CAC40. Encore une journée historique.
Il convient d'analyser le newsflow pour savoir le pourquoi de cette chute.


Bear Stern

La banque JPMorgan a racheté une autre banque (Bear Stern) pour une somme modique (env. 220M$). Même pas 1/5 du prix de son immeuble principal sur Wall Street. C'est aussi 90% de baisse par rapport à son dernier cours de bourse. Bear Stern était dans une situation catastrophique car elle n'avait plus d'argent liquide. Or chaque jours les banques ont besoin d'argent, ne serais-ce que pour le rendre aux gens à qui elle l'a emprunté.

Pour autant, ne plus avoir d'argent ne veut pas dire ne plus avoir de valeur. L'action de JPMorgan a pris 10% dans la journée soit un gain de presque 13Md$. Si on pense que les marchés sont efficients, ça veut tout simplement dire que JPMorgan a payé 5% de la valeur de Bear Stern (à noter que c'est assez efficient vu que JPMorgan l'a réellement acquis à 7% de son dernier cours de bourse).

On peut donc en conclure que malgré la journée catastrophique provoqué par la vente de Bear Stern, cette société n'a pas vraiment perdu de valeur ...

La bourse est donc vraiment étrange. On aurait pus penser que Bear Stern perdrait de sa valeur. Elle est gavée de 33Md$ de subprimes, n'a plus de liquidité (certes c'est réglé par JPMorgan maintenant, mais ça reste un problème). Pourtant elle ne perds rien, par contre elle fait perdre par ricochet 9% sur Natixis, une banque qui n'a plus beaucoup de subprime, qui a plein de cash, des actionnaires solides ... on est en droit de se demander.

PS : JPMorgan a gagné 10% quand les banques US ont perdu 10%. On pourrait donc y voir une surperformance de +20% de JPMorgan sur le reste du marché.


Sur les actions de la FED


La FED de sont côté a baissé encore le loyer de l'argent de 0.25% à 3.25%. Elle devrait encore le baisser dans la journée de mardi. Certains anticipent 1% de baisse. On verra.

La FED a aussi décider de prêter plus facilement à des établissements qui d'habitude n'y ont pas droit. Elle accepte désormais aussi pratiquement tout et n'importe quoi (enfin ayant une bonne note des agences de notations) comme garantie.

Elle fait donc son maximum pour que l'argent circule et qu'on ne se retrouve plus avec un autre Bear Stern. Le marché a interprété ce geste comme une preuve que l'économie va vraiment mal.


Etat des fondamentaux


Le premier chiffre que je suis allé voir est le taux de chômage aux USA. Il est un peu en dessous de 5%. Voici le graphe long terme :




Lors de la crise de 2001 à partir du point le plus bas, le taux de chômage a gagné 1% en 6 mois. Sur la crise des subprime, il en gagne à peu prêt 0.5% en 1 an. De même sur les crises précédentes, la hausse a été plus forte.

Aujourd'hui (enfin hier) une filiale de Vinci a réussit à obtenir un prêt de 600 millions sur 10 ans (une partie est même sur 35 ans), cela montre bien que la liquidité n'est pas complètement morte.

De même, Air France rachète Alitalia. Microsoft rachète Yahoo. On prête même à la BNP des intentions de prendre la Société Générale, et cette fois-ci pas pour 2$, mais pour 100€ soit une prime de 60% sur le cours de bourse actuel. Bref les marchés ont peurs, mais les entreprises toujours pas.

Voici un graphique qui représente l'appétence des insiders (littéralement "les gens de dedans"), i.e. des cadres des entreprises. Des gens dont on peut penser qu'il savent un peu si leur entreprise va bien ou mal.



Depuis 2004, il n'y a jamais eu autant d'achats de la part des insiders.

De plus, pour avoir plus ou moins suivis les résultats de pas mal d'entreprises (plus françaises) de 2007, il en ressort que la moyenne de progression des bénéfices est bien positive. Les entreprises faisaient beaucoup d'argent en 2006 et elles en ont fait encore plus en 2007. On verra bientôt le T1 de 2008. S'il y a une crise grave, il devrait être impacté.

Je reste donc confiant, on vit certes une crise, mais elle n'est en aucun cas un véritable catastrophe. Du moins pas pour le moment et il manque des argument pour le démontrer.

Au niveau de l'allocation



Depuis de l'année, des tendances intéressantes ont commencée à prendre forme. Tout d'abord, les foncières, qui avaient bien souffertes en 2007, ont de très bonnes performances. AGF Foncier par exemple est à -4%, une broutille comparé au -15% du CAC40 (à date comparable).

A contrario, les marchés émergents commence à donner des signes de faiblesses. Carmignac Emergents se situe à -20% sur 2008, avec le résultat d'aujourd'hui on tombera sous -25%. Il y a donc une logique sur les marchés. Ce qui a beaucoup baissé commence à moins baisser et inversement. Je continue de penser que les émergents vont sérieusement boire la tasse cette année.

Enfin, les matières premières continuent de monter. C'est bien normal. D'un coté les investisseurs quittent les actions, une partie de ce flux va sur du monétaires. Mais les gains seront faibles. Une autre partie va sur les obligations d'états. En effet quand les actions baissent, les obligations montent. Intrinsèquement, les obligations ne rapportent plus grand chose, mais personne ne semble avoir remarqué (3.92% sur 10 ans pour la France). En effet l'inflation est autour de 3% et beaucoup de gens pensent que ça va monter. Plus malin certains jouent les matières premières, pétrole et or. Vu la progression des cours, ils sont nombreux. Sauf que les spéculateur ne font rien de leur pétrole. On crée donc artificiellement une quantité de pétrole qui n'est pas utilisée. Bien sur, si plus aucun spéculateur n'achète, les cours retomberons au prix "normal", i.e. régit par l'offre et la demande des industriels. Je ne connais pas le cours que devrait avoir le pétrole sans les spéculateurs, mais je doute que même dans 3 ans il soit à 110$.

Conclusion


Je crois donc qu'on vit un moment de grand n'importe quoi. Tout le monde a peur que quelque chose de très très grave se produise. Pour l'instant, il ne se passe rien. Cela pourrait arriver, mais pour l'instant on en est pas encore là.

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